La Corse du Nord (Haute-Corse pour les intimes) a ce talent rare : vous faire passer de criques translucides à des villages perchés en quelques virages, puis vous offrir un coucher de soleil qui remet l’horloge à l’heure corse. Voici un carnet d’idées, pensé comme une conversation entre amis : des lieux qui comptent, des détours qui changent tout et des conseils de terrain pour profiter sans se presser.
Calvi : citadelle en proue, plage en respiration
Pour démarrer votre séjour en Corse en beauté, commencez par Calvi. Montez jusqu’à la citadelle, promenez-vous entre les murs qui dominent la baie et laissez-vous tirer par les ruelles jusqu’à l’église Sainte-Marie-Majeure, si élégante avec sa façade pastel. En bas, le port bat son propre rythme, idéal pour un café en terrasse. Puis cap sur l’immense plage bordée de pins : sable clair, eau douce pour la baignade, et cette vue sur la citadelle qui donne au moindre plongeon des airs de carte postale. En fin de journée, grimpez vers Notre-Dame de la Serra pour une photo panoramique.

L’Île-Rousse : lumière franche et douceur de vivre
À une demi-heure de route, L’Île-Rousse déroule une autre ambiance : place Paoli, halles vivantes, venelles piétonnes et front de mer où l’on traîne sans culpabiliser. La baignade se fait au pied de la ville ou sur les belles voisines de Bodri et Ghjunchitu, accessibles par de petits chemins dans le maquis. En fin d’après-midi, filez vers les îles de la Pietra : le phare, la roche rousse, le vent qui joue avec les embruns… Les couchers de soleil ici ont ce talent de vous faire oublier l’heure du dîner.

Saint-Florent : porte d’entrée vers les Agriates
Saint-Florent est un tableau : vieux port, placettes où l’on bavarde, citadelle qui surveille la baie. On y goûte un air méditerranéen très assumé avant de préparer le grand moment : l’excursion vers le désert des Agriates. Bateau-taxi au départ du port, sac léger, et vous voilà déposés au Lotu ou à Saleccia. Entre les deux, un sentier plan-plan traverse un maquis parfumé ; comptez une petite heure à pas tranquille. Sur place : eau claire comme un matin d’été, sable pâle, et parfois (c’est la Corse) quelques vaches qui s’invitent à la sieste. On garde ses distances : ici, on est chez elles.
Cap Corse : la route qui apprend la patience (et récompense)
Le “doigt” pointe vers le large et mérite une journée entière, voire deux si vous aimez prendre votre temps. Premier choc à Nonza : village accroché au-dessus d’une plage sombre, étonnante. Ce noir n’a rien de volcanique : il vient d’anciens résidus de serpentine liés à une mine aujourd’hui fermée d’où ce contraste spectaculaire avec l’eau turquoise. Grimpez à la tour paoline si les marches ne vous font pas peur. Plus au nord, Centuri déroule son port de poche et ses tables de poissons ; parfait pour lever le pied. Côté est, visez la plage de Tamarone, puis la quiétude de Macinaggio, point de départ du sentier des Douaniers si l’appel de la marche se fait entendre. Finissez à Erbalunga, bourg de pêcheurs photogénique où chaque ruelle semble prête pour une scène de cinéma.

Bastia : l’italienne de l’île
Avant de reprendre le ferry ou l’avion, offrez-vous Bastia. Le vieux port, serré et vivant, a le chic pour retenir le voyageur. On grimpe vers Terra Nova et le palais des Gouverneurs, on redescend flâner entre cafés et glaciers, et l’on se surprend à refaire l’itinéraire autour d’un dernier espresso. Bastia, c’est la touche urbaine qui remet en perspective tout ce que l’on vient de vivre : mer, maquis, citadelles, et ce fameux “temps corse” qu’on promet de garder un peu avec soi.

Conseils de terrain (ceux qu’on se refile entre amis)
Se déplacer
Ici, on compte en minutes plus qu’en kilomètres. Les routes sont belles mais joueuses ; une voiture est quasi indispensable pour rejoindre plages et villages sans se priver des arrêts spontanés. Réservez tôt en haute saison, et acceptez l’idée que “prendre son temps” fait partie du voyage.
Quand venir
Mai-juin et septembre-octobre : combo gagnant. Chaleur douce, mer agréable, sites plus respirables. En plein été, on anticipe : levez-vous tôt pour les routes et gardez les balades à l’ombre pour la fin de journée.
Bases futées
Avec enfants ou si vous aimez poser vos affaires, deux “camp de base” marchent à merveille : Calvi/L’Île-Rousse pour rayonner en Balagne, puis Saint-Florent pour les Agriates et le Cap. Les voyageurs pressés peuvent dormir à Bastia la veille du départ pour un aller-retour aéroport/ferry sans stress.
Parent-friendly
Aires de jeux au fil des promenades (L’Île-Rousse en cache même une avec vue), plage facile d’accès en ville, et bateau-taxi vers le Lotu pratique avec un ponton : le Nord de l’île se vit très bien en famille, à condition d’alterner route pendant la sieste et baignades en fin d’après-midi. Porte-bébé recommandé pour le sentier entre Lotu et Saleccia.
À table
Entre la mer et le maquis, on mange bien, souvent, longtemps. Poissons du jour côté petits ports, charcuteries et fromages pour l’apéro (le brocciu a ses fans), canistrelli pour la route. Gardez une soirée pour un dîner les pieds presque dans l’eau : le goût des vacances tient parfois à une simple assiette face au large.
La citadelle de Calvi qui dore au couchant, la marche salée entre Lotu et Saleccia, et la route du Cap qui ondule au-dessus de la mer. Ajoutez vos propres détours et vos haltes préférées : c’est là que naît votre Corse du Nord, unique et intime.
